Exploration du royaume chanceux

Samedi 18/03

Le road-trip que nous faisons sur Hokkaido va prendre tout son sens aujourd’hui. 5h de route au programme mais avec un endroit plus qu’insolite à visiter à mi-parcours…

Après un petit déjeuner japonais et un rapide coup d’œil de la vue depuis notre chambre, nous attaquons notre journée !

Nous nous rendons au Glücks-Königreich qui signifie littéralement en allemand « Le royaume chanceux« . Aussi connu sous le nom de Glück Kingdom, il s’agit d’un parc à thème ouvert en 1989 basé sur les contes de fées des frères Grimm. S’il était très populaire au début des années 90 -il accueillait 700.000 visiteurs par an à son apogée- le parc a fermé ses portes en 2007. Bien qu’il ait fait l’objet d’une tentative de cession, les frais associés à sa restauration et son entretien ont découragé les potentiels acquéreurs. Il est maintenant totalement laissé à l’abandon et la nature y reprend petit à petit ses droits.

Tout proche d’un aéroport domestique, le parc faisait environ 100.000 mètres carrés à son ouverture (!) et comptait, entre autre, des maisons traditionnelles allemandes des XVe et XVIIe siècles, une église, un jardin, des statues et fontaines, un moulin, un parc d’attraction avec des manèges à sensation représentant un tiers de la superficie totale du royaume et surtout une réplique grandeur nature du château allemand de Bückeburg faisant office d’hôtel luxueux.

Nous avons planifié cette visite depuis longtemps mais nous savons que rien n’est gagné. Il est fort possible que le site soit sous surveillance, nous ne savons pas si nous pourrons y accéder ni si la neige sera présente ou non.

Nous arrivons aux alentours vers midi, la coupole du château et une grande roue sont visibles de très loin ! Nous faisons un premier repérage en voiture pour identifier les voies d’accès au parc. Il y a deux bras de rivière autour et il sera impossible de les franchir à pied, nous devrons emprunter un pont pour y accéder. Le premier chemin identifié en bord de route est complètement fermé et de nombreux panneaux indiquent clairement que le chemin est interdit. Nous poursuivons notre repérage dans une rue annexe et voyons un chemin de terre avec un petit pont au loin, ça peut être une option mais nous ne pourrons pas nous garer ici, c’est bien trop visible. Nous continuons sur la route et arrivons juste au niveau de l’aéroport, il y a des loueurs de voitures et un grand parking public qui est blindé. On patiente un peu qu’une place se libère et on se gare ici pour déjeuner en évoquant les hypothèses d’approche.

Nous choisissons le chemin de terre et nous décidons de laisser la voiture ici, c’est là qu’elle attirera le moins l’attention. Après une quinzaine de minutes de marche, nous arrivons à l’entrée du chemin, il dessert simplement un site de BTP avec des camions et des ouvriers dans un préfabriqué. On se lance en espérant ne pas être repérés. Le chemin est déneigé sur une centaine de mètres. C’est bon, personne ne semble nous avoir vu. On arrive au niveau de la neige, on poursuit tout de même à travers champ désormais avec le pont en ligne de mire.

Au bout du pont, le plus dur semble avoir été fait, nous sommes aux abords du parc et des panneaux indiquent probablement en japonais qu’il ne faut pas passer. Aucune barrière, pas de clôture, on va dire que nous ne savons pas lire le japonais et nous nous enfonçons dans le sous bois en direction du château.

La neige est bien présente, de la bonne grosse poudreuse en quantité. Pour l’instant on ne se pose pas trop de question, tant que nous restons à l’extérieur nous sommes visibles. Nous trouvons directement une entrée sur le côté du bâtiment, nous nous y engouffrons en catimini. C’est fait, il est 13h30 et nous sommes dedans ! Masque sur le nez, caméra en route, lampe torche et frontale équipées, on se lance à l’assaut du château.

Nous découvrons rapidement les premières pièces communes, au rez-de-chaussé : ce qui semble être salle de restauration, un comptoir, la cave du château avec des crus exclusivement allemands ! Si avec l’humidité, les tapisseries ne sont plus là et les murs sont piqués, le bâtiment en tant que tel est en bon état : le sol, les murs et escaliers, tous en béton, sont intacts.

Nous passons ensuite aux étages avec notamment les chambres. Certaines sont très abîmées par l’humidité et d’autres très peu. Elles reproduisent le style des chambres d’un château allemand d’époque : moquettes, rideaux, décoration, lustre, mobilier. C’est un vrai flashback dans le passé qui s’offre à nous.

Certaines chambres, plus grandes, possèdent de grands salons privés pour recevoir du monde.

Certaines pièces semblent tellement figées dans le temps que ce sont des tableaux à elles seules.

Nous visitons plusieurs chambres avant d’arriver dans la plus grande pièce du château : une immense salle de réception lumineuse avec fresques murales et statues. Elle est tellement impressionnante !

Dans certaines chambres, les matelas et moquettes sont carrément devenus des nids à champignon et mousses en tout genre, nous y passons rapidement.

Le château est immense, impossible de se repérer à travers les différents escaliers et étages, tout va dans tous les sens. Nous passons à côté d’une échelle donnant vers une trappe technique, je m’y engouffre en espérant que ce soit celle qui donne accès à la coupole tout en haut du château. Bingo ! Après la première échelle, je distingue très bien les formes de la coupole sous laquelle je me trouve, j’emprunte deux nouvelles échelles en métal pour arriver au sommet et sortir au dessus du château. J’ai une vue à 360 degrés sur l’ensemble du parc et de ses environs ! Mais je dois aussi être très visible d’ici, je reste prudent pour faire rapidement quelques photos. Je vois l’ensemble du domaine, la grande roue à l’horizon, un moulin…

Je redescends pour retrouver Gaëlle, nous n’avons peut-être vu qu’un quart du château mais nous avons d’autres bâtiments à voir et souhaitons être sortis du parc avant la tombée de la nuit. Nous voyons à nouveau depuis une fenêtre la grande roue dépassant de la cime des arbres.

Nous sortons par l’entrée principale cette fois-ci, côté parc. La poudreuse est toujours là, magnifique, mais épaisse. Nos pieds et nos jambes s’enfoncent irrémédiablement à chacun de nos pas. Entre chaque bâtiment la progression est difficile et lente, nous avons de la neige à hauteur de genoux et par endroit même jusqu’en haut des cuisses. C’est un véritable calvaire d’avancer mais la motivation fait le reste. Nous voyons des traces de raquettes sur la neige, elles datent d’il y a quelques jours. La personne qui est venue visiter l’endroit en raquette était bien inspirée !

Nos visitons des bâtiments présentant différents métiers ou scènes de vie d’époque en Allemagne.

Nous prenons ensuite la direction du parc d’attraction situé au bout du site pour y découvrir salle d’arcade, petit train, montagne russe, manèges à sensation, manège traditionnel et la fameuse grande roue. La neige ne nous arrêtera pas, nous verrons tout !

Après avoir visités les attractions, nous remontons le parc et distinguons une petite chapelle que nous n’avions pas vu à l’aller, nous faisons un détour pour la visiter, elle est superbement bien conservée. Il y a un orgue à l’entrée et le soleil derrière son unique vitrail rend la scène sublime.

Au sortir de l’église, nous passons dans un très gros immeuble qui semblait faire office de bar, le comptoir est majestueux. Puis nous passons par l’ancien jardin pour découvrir l’autre façade du château ainsi que le moulin de plus près (qui faisait office de toilettes, donc).

Nous avons vu ce que nous souhaitions voir, nous contournons le jardin pour rejoindre le chemin de notre arrivée. C’est compliqué. Sans arbre aux alentours la neige a eu tout le loisir de tomber. L’épaisseur est ahurissante, la progression est vraiment trop compliquée. Nous adoptons la stratégie du quatre pattes pour répartir plus notre poids et c’est payant ! Comme on s’enfonce moins, on avance plus vite, ce n’est pas très académique et bien plus épuisant mais c’est efficace.

Nous arrivons au bout de notre peine à l’abord du petit pont. Il est 17h passée, c’est l’heure que nous nous étions fixée comme limite pour partir avant la tombée de la nuit. Un petit coup d’œil derrière nous sur les panneaux vu lors de notre arrivée puis une dernière photos du parc avec le soleil couchant…

Lors de notre départ en voiture, un petit renard nous a dit au revoir !

Cette journée fut stressante, éprouvante, fatigante, mais tellement plaisante !

Bilan de marche de la journée : 11 200 pas et 8,3 kms

Cumul de marche du voyage : 242,4 kms

2 réflexions sur “ Exploration du royaume chanceux ”

  • 21 mars 2023 à 10 h 07 min
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    Les narrations et prises de vue nous en mettent plein la vue ! Merci de nous faire partager vos grands moments de « folie » parfois dangereuse, « découverte » pas trop autorisée , « paysages hallucinants ». Après avoir bien crapahuté… on comprend mieux votre désir impérieux de MANGER et ! DEVORER tous ces plats ! Le retour en France va être si fade !!!

    Réponse
    • 24 mars 2023 à 2 h 02 min
      Permalink

      Oui, c’est pour cela que l’on profite au maximum !

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