L’île fascinante de Jeju

Mercredi 08/03

Ce mercredi c’est dès 6h du matin que le réveil sonne. Nous devons nous rendre aux pieds du Hallasan pour y faire une randonnée qui s’annonce intensive et… surprenante.

Le mont Halla (Hallasan en coréen) avec ses 1 950 mètres est le point culminant de la Corée du Sud. Il domine l’île volcanique de Jeju où il est situé, à 100 kilomètres au sud des côtes du continent asiatique. La dernière éruption du Hallasan, volcan bouclier, date de l’an 1007.

Nous avons dû réserver bien à l’avance notre ascension car le site, très prisé des sud-coréens, est préservé notamment via un contrôle de sa fréquentation. Nous avons prévu de quoi boire, manger, grignotter et se couvrir. Nous estimons être fin prêts pour ce moment du voyage que nous attendons depuis longtemps !

Nous prévoyons de monter le Hallasan par un chemin de randonnée et de descendre par un autre afin de voir des paysages différents, les deux sont considérés comme difficiles.

Nous arrivons sur le site à 7h40 soit un peu avant notre créneau de passage qui démarre à 8h. La dame qui contrôle nos réservations nous laisse tout de même passer l’entrée ce qui nous rassure un peu car il est nécessaire d’atteindre le dernier refuge avant 12h30 sous peine de se voir refuser la montée du dernier tronçon. On devrait donc être larges au niveau timing avec cette marge supplémentaire. Le départ se fait à 620 mètres d’altitude, nous devons grimper les 1330 mètres restants.

Il y a peu de monde en ce début de randonnée. Le chemin difficile (appelé Gwaneumsa), le fait que nous soyons en semaine et l’heure précoce doivent contribuer à la faible affluence mais ce n’est pas pour nous déplaire. Les premiers tronçons sont vite avalés, la pente est moyenne et comme la végétation encore dense ne nous offre pas de véritable point de vue sur ce qui nous entoure nous ne faisons pas beaucoup de pauses photo.

Les premières traces de neige apparaissent au bout d’une petite heure sur le sol. La neige ne date pas d’hier, elle est glacée mais n’empiète pas sur le sentier pour l’instant. La météo que nous avons consulté avant la randonnée ne mentionnait pas de neige mais des températures faibles voire négatives. Nous avons donc avec nous le parfait équipement du skieur : polaires, doudounes, gants, caches-cou et même du baume à lèvres.

Petit à petit, la neige parsemée devient de la neige plus épaisse et surtout bien plus présente. La végétation est plus rare et le sentier commence à être parfois recouvert de glace. Pour le moment c’est beau et nous en prenons plein les yeux !

Au fil des mètres avalés, que ce soit en distance ou en dénivelé, nous dépassons des randonneurs très équipés. Tous ont des bâtons de randonnée et certains ont même des pointes : ce sont des sortes de chaînes à neige avec des picots -comme pour les pneus- qu’ils accrochent sous leur chaussures de randonnée pour gagner en adhérence sur le sol glacé et gelé. On fini par se demander dans quelle galère nous nous sommes engagés quand on voit cela.

Les tronçons suivants vont nous confirmer ce que nous craignions. L’équipement des randonneurs que nous avons dépassé n’était pas anodin. Les chemins deviennent vraiment de plus en plus impraticables en plus d’être de plus en plus raides ! Nous progressons difficilement, je glisse -un peu- moins que Gaëlle avec mes chaussures randonnée car elle n’a que peu d’adhérence avec ses baskets (ses chaussures de randonnées lui faisaient trop mal aux pieds). Je commence à chercher des branches mortes au sol pour nous faire des bâtons de fortune… Cela nous aide… un peu. Jusqu’à ce que l’on manque de se blesser avec lors de petites chutes ou qu’ils cèdent sous notre poids.

A mi-chemin et avant d’attaquer les secteurs les plus ardus, nous nous accordons une pause sucrée pendant laquelle un corbeau vient nous rendre visite. Ce doit être un habitué des lieux puisqu’il se paie le luxe d’avoir une statue à son effigie à cet endroit !

Là c’est lui, pas la statue hein

Nous entamons la deuxième partie de l’ascension, le premier objectif est d’attendre le dernier refuge avant le sommet pour ensuite se lancer à l’assaut de la dernière étape. C’est non sans mal que nous progressons, plusieurs groupes que nous avions dépassé sur la montée nous rattrapent facilement et s’inquiètent (ou rigolent) de nous voir autant galérer sans équipement. Nous restons prudents pour bien suivre le chemin balisé car la neige recouvre entièrement les marques au sol ou les marches. La vue que nous avons par moment est dépaysante et nous motive à poursuivre nos efforts.

Nous arrivons au premier refuge situé à 1500 mètres et faisons une deuxième pause, salée cette fois-ci. Il y a plus de monde ici et les gens en profitent pour faire leur pause déjeuner ; nous préférons prendre simplement un en-cas et poursuivre la montée par le dernier secteur avant qu’elle ne soit trop fréquentée.

De manière assez surprenante, la voie sera plus dégagée sur ce dernier tronçon. L’absence totale de végétation et le vent permet sûrement à la neige de moins adhérer et de fondre plus rapidement.

Nous arrivons au sommet à 11H40 soit 4H après notre départ et découvrons un paysage sublime et avec déjà un spot très peuplé de randonneurs. Nous avons un point de vue sur l’ensemble de l’île de Jeju d’ici et pouvons apprécier également le cratère du volcan avec son lac gelé.

Des jeunes sud-coréens faisant leur service militaire sont également présents, ils posent pour une photo souvenir de leur ascension. Ici le service militaire est obligatoire pour un minimum de 18 mois, c’est une étape importante pour les jeunes hommes du pays.

Après 30 minutes de pause et notre déjeuner englouti, nous nous préparons à amorcer notre descente par le deuxième chemin appelé Seongpanak. Lors de la montée, un coréen voyant notre absence d’équipement nous a conseillé de faire la descente de redescendre par ce chemin. Ça tombe bien c’est ce qui est prévu et cela nous rassure quant à l’enneigement que nous allons rencontrer : ce chemin doit sûrement être plus dégagé vu son conseil.

Le début de la descente est en effet dégagé, comme l’était la fin de la montée et sûrement pour les mêmes raisons. Nous imprimons un rythme soutenu car pour le moment le vent est glacial et il y a beaucoup trop de monde pour vraiment en profiter.

Le premier tronçon est un enchaînement interminable de marches. Elles sont parfois de longueur et/ou hauteur différentes ce qui casse les jambes et le rythme. Mais au moins ce n’est pas glissant et c’est ce que nous redoutons le plus : descendre sur une pente glissante. Les randonneurs dans le sens inverse n’ont pas leurs pointes aux pieds, cela nous rassure.

Cependant, c’était de courte durée, on commence à apercevoir des portions enneigées ou glacées de loin… Les randonneurs s’équipent des pointes quand le terrain le nécessite et les enlève quand il n’y en a plus besoin.

La quasi intégralité du chemin pour descendre est recouvert de neige, fondue ou glacée. L’ensemble est une patinoire inclinée. Quand le chemin est balisé par des cordes, nous arrivons à maîtriser notre descente.

Mais bien entendu ce n’est pas tout le temps le cas, une grande partie des tronçons n’a pas de corde, et nous devons donc improviser. Petits pas, appui sur des branches, ou même glisse contrôlée, de face ou de côté, en fonction de l’inclinaison et de la largeur du chemin. Si la montée avait fait un peu fait goûter à nos fesses la température du sol là on a définitivement bien compris qu’il était gelé. J’ai déjà quelques glissades à mon actif, Gaëlle également. On s’entraide comme on peu et à force on fini par maîtriser un peu plus les phases de glisse. Et on maîtrise surtout mieux nos chutes qui se font « en douceur ». Les spectateurs de notre descente sont parfois ébahis, parfois mort de rire, on essaie de garder le cap de notre côté.

A mi-parcours, la neige se fait un peu moins présente, il faut tout de même rester vigilant car une chute est vite arrivée. Je dis : « ça doit être bon maintenant, je vois à nouveau le chemin » et 5 minutes après je me rend compte que non, la neige est toujours là par endroit. Quand nous arrivons aux 4 derniers kilomètres, il ne reste plus qu’un sentier avec une pente douce et surtout quasiment sans neige (quasiment car il y aura quand même une dernière chute 🤫).

Nous le savons, les derniers kilomètres d’une randonnée sont souvent les plus longs. Ceux-là n’y feront pas exception. Entrevoir le bout de notre périple nous motive à avancer à un rythme soutenu, nous laissons derrière nous quelques groupes et suivrons sur 3 kilomètres deux mamies sud-coréennes avec un sacré cardio. L’enchaînement des marches en pierre, en bois et des planches de toutes tailles rend l’exercice assez rude mais elles le font avec une telle aisance qu’on les imagine habituées des lieux.

C’est fait, nous arrivons au bout du sentier de randonnée, à 750 mètres d’altitude. On l’a fait, quel pied ! Ce n’était clairement pas aisé et nous n’étions pas assez renseignés sur ce que nous allions avoir comme conditions mais nous avons réussi, sans matériel mais en étant très prudents, à faire l’ascension de la plus haute montagne du pays.

Le bilan de notre randonnée : 18,3 kilomètres parcourus, 1300 mètres de dénivelés et quelques 30 000 pas. Le tout en 8h en comptant les pauses. Pour les glissades et chutes, on a arrêté de les compter à partir du moment où nos doigts ne suffisaient plus… Nous sommes sortis exténués mais heureux !

Aperçu du chemin – avec un petit oubli de réactivation du mode rando sur la montre après le dernier refuge -_-‘

De retour en ville: dîner délicieux mais un poil épicé puis ensuite un gros dodo !

Bilan de marche de la journée : 38 500 pas et 23,5 kms

Cumul de marche du voyage : 123 kms

Jeudi 09/03

Journée placée sous le signe de la détente pour récupérer de la randonnée. Nous ferons une balade dans Jeju jusqu’en début d’après-midi, là où nous déjeunerons une première fois dans un restaurant traditionnel coréen.

Aucune carte en anglais, nous choisissons nos plats quasiment au hasard et sur les conseils du gérant que nous comprenons difficilement. Il s’agit de deux ragoûts de poissons (avec la peau et les arêtes) qui contiennent également du tofu (fromage avec du lait de soja), des pousses de soja et des trucs bizarres. Le tout est peu ragoûtant, dommage pour un ragoût. 🙃

Ce « truc bizarre » semble être de la laitance de poisson, bon appétit !

Nous mangerons tout de même nos plats mais irons ensuite croquer dans un petit burger histoire de ne pas rester sur cette note.

Ensuite direction le Jeju Stone Park, un parc géologique et culturel centré autour de l’histoire des roches de l’île, puisque sa création est lié à l’activité volcanique. Les pierres semblent être sacrées et symboliques sur Jeju ce qui explique probablement l’existence même de ce lieu très paisible et plutôt bien agencé. Un musée relativement grand retrace la création de l’île et expose différentes pierres volcaniques aux formes originales qui ont pu être collectées au fil des années.

De retour en ville, nous tomberons sur la cérémonie d’ouverture du festival du feu de Jeju qui a lieu tous les ans sur l’île. Il s’agit du plus grand festival du feu au monde ; celui-ci réinterprète à la sauce contemporaine les traditions de l’élevage bovin de Jeju. Les racines du festival viennent d’une tradition appelée « bangae » qui consistait à brûler les champs entre la fin de l’hiver et le début du printemps. L’objectif était de renouveler la verdure et d’exterminer les nuisibles avant que les chevaux et les vaches ne soient lâchés dans les champs pour paître.

Cette cérémonie fut l’occasion pour nous de découvrir la mascotte de Jeju, un Hallabong géant. Le hallabong (connu sous le nom japonais Dekopon) est un agrume de fin d’hiver, doux et sans pépin. Il a été renommé comme cela sur Jeju car sa forme rappelle le mont Halla sur l’île où il est aujourd’hui cultivé.

Nous irons dîner en fin de journée des ramens dans un restaurant à la décoration centrée sur la culture manga avec des dizaines de figurines de One Piece, Naruto, Dragon Ball exposées sur des étagères.

Bilan de marche de la journée : 12 800 pas et 9,3 kms

Cumul de marche du voyage : 132,3 kms

Vendredi 10/04

Journée ensoleillée en ce vendredi, 20 degrés sont annoncés pour un ressenti de 25. Shorts et tee-shirts équipés, nous partons à l’assaut des rues commerçantes de Jeju.

Nous commençons par un marché traditionnel couvert, le Dongmun Market, créé à la libération en 1945. Il est plutôt axé sur la nourriture avec tout un tas de fruits/légumes et produits de la mer : poissons, mollusques et autres crustacés.

Les odeurs sont multiples et parfois un peu rudes après le petit-déjeuner il faut le reconnaître. La fréquentation est plutôt calme mais cela n’empêche pas quelques accroches entre coréens nécessitant même le savoir faire des policiers pour ramener le calme dans les travées du marché.

Nous prenons ensuite la direction de la Black Pork Street, un quartier spécialisé dans les restaurants proposant différents plats de porc noir, en particulier le Jeju Black qui est une race coréenne de porc domestique élevée sur l’île.

L’heure du déjeuner approchant, nous cherchons sur place où goûter à ce mets. Notre choix se portera sur un restaurant proposant du porc cuit sur de la pierre de Jeju. Nous avons pris une formule complète avec deux variétés de porc et deux accompagnements : une crème aux œufs et une soupe au tofu. Comme souvent en Corée du Sud, on nous sert également une myriade d’autres petits accompagnements sans aucun surcoût : pousses de soja, kimchi, pickles, algues.

La première variété de porc nous est servie déjà préparée, la deuxième sera cuite et découpée devant nous par une serveuse. C’était très bon quoiqu’un peu lourd sur la fin.

Cap sur le port de Jeju à deux pas d’ici pour une longue balade digestive. Le port est assez grand, il accueille des ferries en provenance de plusieurs grandes villes du pays toute la journée. C’est également un port de pêche et nous avons le loisir de le constater avec énormément de restaurants proposant des poissons issus de la pêche locale.

Après une balade en bord de mer, nous prenons un verre au soleil dans un petit café très cosy avec petite musique d’ambiance.

Après cet instant zen, nous nous enfonçons dans le cœur de la ville et tombons sur le Gwandeokjeong Hall. Situé en plein centre du centre-ville de Jeju, cette halle est le plus ancien bâtiment de l’île de Jeju et il sert principalement de lieu de rencontre.

Juste derrière se trouve le Jejumok-Gwana, d’anciens bureaux du gouvernement. Suite à des fouilles dans les années 90, les restes d’une trentaine de bâtiments ont été trouvés. De grands travaux d’excavation et de restauration ont alors été menés pour proposer aux visiteurs une plongée dans l’ère de la dynastie Joseon qui a pris fin en 1897, 8 bâtiments restaurés sont en effet accessible au public.

Puis nous finirons notre journée par un peu de flânerie dans les allées commerçantes avant de retrouver le quartier de notre hôtel pour un dernier restaurant de bœuf pané avant le départ de l’île prévu samedi matin.

Bilan de marche de la journée : 22 200 pas et 16,0 kms

Cumul de marche du voyage : 148,3 kms

6 réflexions sur “ L’île fascinante de Jeju ”

  • 11 mars 2023 à 17 h 21 min
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    Continuer de randonner ! quand on voit tout ce que vous engloutissez c’est mieux ! Jambes solides et estomacs aussi au vu de tous ces plats gargantuesques ! Moi perso, je ne vois rien de savoureux dans tout ça ! Prenez soin de vous ! A bientôt de vous lire avec des péripéties moins dangereuses j’espère.

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    • 13 mars 2023 à 22 h 57 min
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      Et pourtant y’a pas mal de bonnes choses, même si parfois visuellement on ne dirait pas !

  • 12 mars 2023 à 20 h 32 min
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    Du porc noir ! Excellent ! Comme ici dans les Pyrénées ! Et bravo pour votre montée au volcan car ça n’a pas dû être simple . En espérant que vous avez bien fini sans trop d’écorchures et bleus aux fesses soyez vigilants surtout les loulous pour la suite de votre voyage . Et encore merci pour ce bon et beau moment de lecture comme à chaque fois . Pensons bien à vous et Gros bisous de nous !

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    • 13 mars 2023 à 22 h 57 min
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      Vigilance d’abord, plaisir ensuite, promis.

  • 13 mars 2023 à 18 h 32 min
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    Quelle aventure. Magnifiques photos. Vos ventres sont bien remplis. Moi ça me donne envie, .
    Gros bisous

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    • 13 mars 2023 à 22 h 58 min
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      Merci ! C’est Gaëlle qui est aux manettes pour les photos.

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