Plein les yeux à Aso

Lundi 02/04

L’un des cinq sommets principaux composant le mont Aso, le Naka-dake (1506m), possède un volcan actuellement en activité. De la fumée se dégage en permanence depuis son éruption en octobre 2016. Autrefois ouvert au public, le cratère est pour le moment fermé aux visites et personne ne peut s’y approcher à moins d’un kilomètre. C’est ce que nous sommes allés faire en nous approchant à la fameuse limite, là, nous avons pu voir les différentes fermetures des chemins de randonnées, de la route d’accès ainsi que du téléphérique permettant d’aller sur une plateforme au bord du cratère.

Cet endroit (le point 1 sur la carte plus bas) nous a permis d’avoir une bonne idée de la puissance que peut avoir le volcan. C’est un paysage chaotique et recouvert de cendres que nous avons découvert, tout cela avec une légère odeur de brûlé. La plupart des commerces ont probablement du stopper leurs activités suite à la fermeture du cratère au public, entraînant bien évidement une baisse d’activité à cet endroit. Seul le bâtiment principal est toujours ouvert, il sert habituellement de point central pour le départ en téléphérique ou en bus mais il n’y a pour le moment qu’un magasin de souvenirs.

Sur la carte, j’ai mis en évidence les 5 sommets principaux, le cratère du Naka-dake et le rayon de 1km autour de celui-ci.

Nous n’avons pas essayé d’aller plus loin, les panneaux était très dissuasifs tout comme les gaz toxiques dégagés par la cratère ou la fumée qui est à une température de 100 à 300°C ! Le poste de police adjacent permet probablement de surveiller que personne ne franchisse les limites. C’est déjà très impressionnant d’ici mais nous regrettons tout de même de ne pas avoir pu voir le cratère, celui-ci fait 600 mètres de diamètre et tout de même 130 mètres de profondeur ! Il y a même un lac au fond de ce cratère dont l’eau avoisine les 50 à 60 degrés, parfait pour un bain chaud !

En repartant, nous avons remarqué un chemin de randonnée permettant de faire l’ascension du mont Kishima-dake (1321m) dont nous pensions qu’il devait nous offrir un joli panorama sur le cratère et ses environs (point 2 sur la carte). Nous avons donc garé la voiture afin de voir si le chemin était ouvert. Ce fut le cas. C’était parti pour une petite heure de marche. Nous n’y avons pas croisé grand monde, seulement deux randonneurs à l’aller. La pente était par endroit extrêmement raide, les marches paraissaient ne jamais finir.

Dur dur la montée (désolé pour le son tout pourri avec le vent) :

Une fois le sommet atteint, c’est un spectacle grandiose qui s’offrit à nous. Nous étions les seuls à ce moment là. Nous avons profité de l’endroit pendant plus d’une demie heure (les mauvaises langues diront que c’était pour nous reposer). Quel calme ! Quelle vue ! Quel paysage ! Waouh. Sans contexte l’un des plus belles vues que nous avons pu voir au Japon. Et dire que pratiquement personne ne tente la montée, il faut dire que rien n’est très bien indiqué, il faut avoir un peu d’audace pour trouver les sentiers de randonnée.

La vidéo au sommet (désolé pour le son bis) :

La descente s’avéra bien plus compliquée d’un point de vue musculaire. Bien que l’effort soit moins conséquent, ce n’est pas hyper agréable de descendre un nombre incalculable de marches, les genoux sifflent (ça c’est surtout à cause des kilos que l’on prend ici) et les talons piquent.

Après un rapide tour du plateau de Kusasenri (point 3) où des tours de chevaux au pas à un prix exorbitant sont proposés, nous sommes redescendu pour aller sur une autre montagne mais cette fois-ci dont l’accès se fait en voiture.

Plateau de Kusasenri

Cela nous a permis une nouvelle fois d’apprécier les environs, en grande partie les reliefs de la caldeira, derrière lesquels nous avons pu admirer le coucher de soleil.

Mardi 03/04

En fin de matinée, nous sommes allés voir un sanctuaire Shinto peu connu des touristes et qui vaut pourtant le détour, tenez-vous bien pour le nom : le Kamishikimikumanoza, rien que ça.

C’était très peu fréquenté, cela nous a assuré une visite au calme. Le temple est situé sur le flanc d’une montagne, il faut donc grimper quelques centaines de marches (encore !) pour y accéder. C’est cela qui fait aussi le charme de l’endroit car cet enchaînement d’escalier est entouré par des lanternes en pierre et par les arbres.

Le temple en lui même ressemble à ceux que nous avons pu voir de nombreuses fois, mais la suite du chemin nous permettant de monter plus encore nous réserve une jolie surprise. Un, trou béant dans la roche, tout en haut, permet d’apprécier le panorama sous un autre angle. Il y a dans ce trou plusieurs petites statuettes et des gens y déposent des pièces. C’est quelque chose que l’on voit tout le temps dans les temples et sanctuaires, des pièces sont déposées partout, parfois à même le sol. Personne n’y touche.

La suite de notre journée sera moins calme. Nous prenons la direction d’un hôtel abandonné de la région : le Aso Kanto Hotel. C’est quelque chose que nous affectons tout particulièrement au Japon, découvrir de vieux bâtiments abandonnés, et essayer d’apprendre leur histoire et de comprendre à quoi pouvait servir telle ou telle pièce. Cette pratique qui consiste à visiter toute sorte de lieux désaffectés a un nom : URBEX (pour Exploration Urbaine). Loin d’être des explorateurs expérimentés, nous essayons de trouver des endroits insolites tel que cet hôtel tout en s’assurant d’une part de ne pas aller en terrain interdit et d’autre part de ne pas nous mettre en danger.

Après quelques minutes d’une route de montagne sinueuse et très (très) étroite, nous arrivons à proximité. Des engins de chantier nous font d’abord douter, est-ce que l’hôtel sera bien là ? Sont-ils en train de le détruire, de le rénover ? Non, l’hôtel est là, ouf. On se gare à côté, les ouvriers nous regardent au loin. On avance tranquillement, on longe une grosse benne de travaux pour monter ce qui semble être le chemin d’accès principal de l’ancien hôtel. Les ouvriers ne bronchent pas. La voie est libre.

Nous entrons par l’entrée principale, l’hôtel est dans un sale état car il y été vandalisé. En ce qui concerne le bâtiment en lui même, il est en très bon état contrairement au Ryokan abandonné que nous avions visité. Seuls les peintures ont pris cher mais c’est logique sur ce genre de bâtiment. Les vitres sont également pratiquement toutes brisées. Nous tombons sur un magazine au sol, pratique pour pouvoir déterminer approximativement la date de fermeture de l’établissement. Le magazine date des années 2000. Après vérifications, cela semble effectivement être l’année d’abandon total de l’hôtel.

Notre visite commence par le rez-de-chaussée de cet hôtel tout en longueur qui possède 3 étages. Nous visitons d’abord la salle de restauration et les cuisines.

Ensuite, nous attaquons les chambres dont les portes ne sont pas bloquées en prenant soin de ne rien toucher. Déjà pour ne pas altérer l’endroit et aussi pour éviter de se blesser. Le mobilier principal a été enlevé, il reste cependant pas mal d’objets au sol. La boue recouvre certaines chambres, nous constateront ensuite que les portes donnant sur le côté montagne étant cassées, l’eau et la boue doivent couler régulièrement au rez-de-chaussée.

Arrivés devant la chambre 111, nous poussons la porte qui n’est pas bloquée, nous faisons un tour rapide de celle-ci avant de passer à la suivante. C’est à quelques mètres à peine de la chambre 111 que la porte de celle-ci se referme avec un grand boum. Sûrement le vent, forcément le vent en fait. Mais sur le moment, ce n’était pas très rassurant tout de même.

Nous continuons dans le couloir et au bout de celui-ci un accès vers l’extérieur semble avoir existé. Celui-ci mène effectivement au Onsen de l’hôtel, avec son côté homme et son côté femme. On retrouve plusieurs bassins avec un coin douches.

Nous jetons un rapide coup d’œil au sous-sol de l’hôtel, il n’y a plus de lumière du tout. Nous utilisons nos lampes torches pour regarder un peu ce qu’il peut bien y avoir. Pour le moment, nous ne sommes pas très chauds à l’idée d’y aller. Le sous sol est sur le même plan que le RDC, il y a un très long couloir. Sauf qu’il est dans l’obscurité la plus totale.

Nous montons donc aux étages supérieurs, les chambres sont dans un meilleur état car la boue n’est pas présente. Nous avons compté 12 chambres au RDC, il y en a 10 au 2ème étage et 8 au 3ème étage, cela fait donc au total une trentaine de chambre, bien moins que nous aurions imaginé au regard de la taille de l’hôtel. Le dernier étage semble être un accès technique au toit, nous n’irons pas. Certaines chambres sont complètement fermées, nous ne forçons pas l’entrée. Le deuxième étage a un accès sur un balcon, au dessus des cuisines.

Au bout du couloir du 3ème étage se trouve une salle plutôt grande qui servait peut-être de lieu de réception. Au fond de celle-ci il y a un tableau avec des craies. Les précédents visiteurs y ont écris un tas de choses, dont parfois les dates de leur visite qui sont les seules choses que nous comprenons.

Une fois notre visite des étages terminée, nous décidons de retourner au sous-sol. Nous découvrons ainsi les différents locaux techniques ou réserves. Il semble qu’il y avait également un petit magasin car nous avons vu des caisses enregistreuses. Nous voyons aussi ce que nous supposons être le vestiaire des employés ainsi qu’un bureau plutôt grand, peut-être celui du directeur, avec un lit superposé. Nous pensons aussi avoir trouver l’infirmerie, ou ce qu’il en reste en tout cas.

Nous retrouvons l’air libre à l’autre bout du couloir du sous-sol, nous pensons qu’il s’agit là du parking de l’hôtel. Nous prenons les dernières photos avant de nous éclipser. Ce fut un moment très sympa et original, nous avons par la suite cherché un peu plus d’informations sur l’hôtel.

Crédit photo : Linda Causey

Il a ouvert en juillet 1939 et avait plein de choses nouvelles par rapport aux hôtels de l’époque au Japon : une porte tournante, des toilettes avec chasse d’eau, une grande salle à manger avec un bar. Après la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis l’ont occupé pour le repos des troupes. Lorsque les occupants américains sont partis, l’hôtel a été repris et rénové, une initiative qui a attiré l’une des personnes les plus controversées de l’histoire japonaise à visiter l’hôtel : L’empereur Hirohito qui apparemment l’aimait tellement qu’il est revenu deux fois dans les années suivantes, faisant de l’hôtel l’un des plus célèbres du Japon. A la fin des années 90 et à mesure que l’hôtel vieillissait, il attirait de moins en moins de monde. En décembre 1999, il fut décidé que l’Aso Kanko Hôtel  fermerait ses portes en février 2000. Il a cependant eu sont petit moment de lumière en 2005 quand le réalisateur Takashi Shimizu l’a utilisé pour tourner la plupart de son film : Réincarnation.

Nous laissons l’hôtel derrière nous pour redescendre la montagne. Je choisi un chemin par lequel nous ne sommes pas arrivés histoire de pouvoir découvrir les environs. Visiblement, peu de monde passe par ici. Nous passons sur des routes endommagées qui ont parfois subit quelques effondrements liés au tremblement de terre. Pas d’inquiétude, nous passons sur des routes qui ont tout de même été consolidées, mais c’est quand même impressionnant à voir. Le fait que le trafic y soit très réduit a amené la végétation à reprendre petit à petit ses droits, nous passons parfois dans des chemins de brousse, comme si nous n’étions plus au Japon.

Nous luttons avec le GPS pour retrouver une route principale, à tâtons. Nous devons rebrousser chemin quand nous tombons sur des ouvriers, à côté d’un pont tout neuf qu’ils sont en train de terminer. Ils nous font signent que nous ne pourrons pas passer par là, après un demi-tour et une autre route prise, nous arrivons à rejoindre les routes principales. Cela nous aura pris presque 1h à redescendre.

La fin de soirée sera comique, ou pas. Nous prenons à manger dans un petit magasin pour rentrer sur l’hôtel. Le GPS intégré à la voiture m’annonce une vingtaine de minutes initialement. Au bout de quelques instants, je vois qu’il m’annonce une quarantaine de minutes. Je demande à Gaëlle de vérifier. Des routes viennent de fermer. Les travaux vont bon train dans la région pour les refaire et parfois même refaire des ponts. Il semble que notre itinéraire initial soit maintenant fermé. Nous tentons un autre passage, il est également fermé. Il nous reste deux solutions, faire le tour de la région entièrement ou passer par les sommets les plus hauts pour couper à travers. Je sais que le tour nous prendrait minimum 1h30/2h compte tenu des limitations de vitesse. Je décide donc de couper par la montagne, ce qui nous permettra de profiter une dernière fois du volcan, la nuit juste tombée, avant de descendre pour la dernière fois à notre hôtel. Nous aurons même mangé une partie du repas dans la voiture !

Mercredi 04/04

Plus de trois heures cumulées dans les transports (voiture + Shinkansen + train) pour rejoindre Nagasaki. Nous ferons connaissance avec le quartier de notre hôtel à notre arrivée. Jeudi, nous passerons une journée entière sur une île quasi abandonnée…

6 réflexions sur “ Plein les yeux à Aso ”

  • 5 avril 2018 à 15 h 22 min
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    Je ne vous savais pas aussi aventuriers et détectives, mais qui est cette inconnue à la casquette à côté de Mathieu ? 🙂 près très glam le décor pour une photo, mais c’est sûr elle est originale me direz vous…

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    • 7 avril 2018 à 0 h 37 min
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      Et puis au moins ça fait toujours une photo où nous sommes deux, ce qui est plutôt rare ! 🙂

  • 5 avril 2018 à 16 h 31 min
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    Récit captivant, vous formez un bon et beau duo.
    Bisous.

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    • 7 avril 2018 à 0 h 42 min
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      Merci !!!

  • 5 avril 2018 à 19 h 46 min
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    Vous êtes vraiment des Warriors les loulous ! Faites attention à vous quand même ! Tu as raison mathieu !! Malgré toutes les marches que vous faites !…. mais avec tout ce que vous mangez !! … Il reste un petit peu de petit bidou quand même ! Il va falloir compenser les deux !! Ça fait plaisir d’avoir de vos nouvelles car cela nous manquait ! Moi perso je vous suis dès que tu mets un truc mais pas spécialement titi ! Donc ce soir il va se faire vos 3 derniers posts ! Je l’ai prévenu qu’il y avait beaucoup de lecture ! Tjrs au top bravo ! Gros bisous de nous les chéris ! Ici retour pour moi mardi au taf ! Au secours !!… et là ? Véridique ! Ma collègue me dit qu’un client veut un cerisier fleurs .. . Comme au Japon !! Mais tu crois que je vais réussir à l’avoir son cerisier à fleurs ? Et moi de lui répondre : bah il a qu’à aller au Japon !! Y en a plein !! Gros bisous les loulous et pour înfo ? Il fait beau demain chez nous ! 23 degrés annoncés ! Mais ça change ce week end biensur !

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    • 7 avril 2018 à 0 h 43 min
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      C’est le miroir, il déforme !

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